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mercredi 17 août 2016

DTPE 11: amour, passion, mariage, rupture

De tout pour l'été, DTPE.
L'été, le temps de lire, du lourd et du léger, du français et de l'étranger, des romans et des récits. L'été, le temps de relire aussi.

Jean-Philippe Blondel et Elise Fontenaille.


L'été, le temps de l'amour, la saison des mariages comme le rappelle Jean-Philippe Blondel dans son dernier roman en date, le bien nommé "Mariages de saison" (Buchet-Chastel, 184 pages). Un livre sorti en début d'hiver - comme le précédent, en meilleure adéquation chronologique, "Un hiver à Paris", lire ici - mais qui se déroule en été,  le bon moment pour les unions, l'été 2013 précisément. Un joli roman à la Blondel, doux-amer, provincial comme on aime, léger et évidemment bien plus profond qu'il n'y paraît.

On y suit Corentin, 27 ans, qui reprend comme chaque été son emploi de vidéaste de mariage, en duo avec son parrain Yvan, photographe professionnel. Le temps de cinq week-ends, de cinq cérémonies, on va suivre ces deux hommes que vingt-cinq ans séparent (ou réunissent) et le petit monde des noces qu'ils accompagnent par leur présence et leur travail. En contre-point, des témoignages de proches de Corentin. L'écriture est toujours prenante, et les personnages qui apparaissent intéressants pour leur part d'humanité. Cette année-là, les questions des futures mariées semblent plus troubler Corentin, qui n'est pas très loin dans son cheminement personnel. Amours, boulot, famille, tout semble en attente chez ce gros bébé qui va ici saisir la chance de se poser les bonnes questions et d'y répondre. Bien sûr, Yvan fera partie des questions et des réponses.

"Mariages de saison" est finement construit entre descriptions et récits à la première personne, tendant des ponts entre passé, présent et futur, tant auprès du duo principal que des protagonistes croisés le temps d'un vin d'honneur, d'une messe ou d'une danse endiablée. Jean-Philippe Blondel nous amuse par sa manière de décrire les cérémonies nuptiales autant qu'il nous remue en allant au fond de ses personnages. Au scalpel mais avec empathie. Il est et restera un fin scrutateur de l'humain, qu'il soit côté Corentin ou côté Yvan, doublé d'un narrateur doué. Un treizième roman composé au son d'une musique dont, pour la première fois, l'auteur a oublié le titre.


Avec un titre tel que "Bel-Ordure", on sait qu'Elise Fontenaille ne nous raconte pas une histoire d'amour mais une séparation tragique car encore teintée de passion. Une histoire qu'elle a vécue, qui est presque finie; "Ce livre est de l'autofiction", me disait-elle. "Une histoire récente, où je suis encore." On perçoit l'urgence qu'elle a eue à la poser sur le papier: "L'écrire était pour moi une évidence, une nécessité vitale." Cet homme, surnommé Adama, a été une aventure amoureuse humaine et littéraire. Son livre "le plus abouti", en dit-elle à raison.

Il est grand, elle est petite. Il est mince et musclé, elle a plutôt des formes. Il est Noir, elle est Blanche. Il aime la chaleur, elle n'allume jamais le chauffage. Ils vont se croiser et cela va faire boum. Un grand boum. Une passion longue de neuf mois qu'on va suivre chronologiquement dans ces pages enlevées. Jusqu'à la chute et aux lendemains qui déchantent. "J'ai écrit le livre de manière chronologique", poursuit Elise Fontenaille. "Cela s'est fait naturellement, c'était une évidence, tout jaillissait, les mots, les titres des chapitres, tout coulait de source. J'ai connu un grand bonheur d’écrivain. J'espère qu'à mon plaisir d’écrire correspond le plaisir de lire."

"Bel-Ordure" est un livre magnifique, prenant, émouvant, où on ne se demande jamais pourquoi Eva s'est laissé piéger. On la comprend, on la suit, on admire ses choix, dont celui de vivre cette passion. Mais on sait que si elle est honnête dans ses sentiments, Adama ne l'est pas tout le temps. Eva le savait aussi: "J'ai toujours su ce que j'allais dire. Ce livre est la chair de ma chair. Adama est dans une spirale sans fin entre alcool, bars, fête qui ne finit jamais. Une spirale avec des faces cachées aussi. J'ai été fascinée par lui. Un amour pur, incontrôlable. Une passion. C'est infernal, on est dépossédé de soi-même, il me fallait donc faire ce livre. Mais un beau roman d'amour n'est-il pas forcément tragique?"

Le récit ne laisse pas indifférent tant il scrute avec finesse les sentiments et les émotions "C'est la première fois que j'ai de la tendresse pour mes lecteurs adultes comme j’en ai pour mes lecteurs jeunesse", ajoute la romancière qui se partage entre public jeunesse et public adulte. "Je ressentais la nécessité du don, du partage. Je voulais que les lecteurs ressentent cet amour-là. Le livre peut être l’écho d’histoires personnelles. Tout le monde a une passion dramatique enfouie..."

Pour feuilleter le début de "Bel-Ordure", c'est ici.


Rappel
DTPE 1: "Le Roi René", René Urtreger par Agnès Desarthe (Odile Jacob).
DTPE 2: "Cœur Croisé", Pilar Pujadas (Mercure de France).
DTPE 3: "Sens dessus dessous", Milena Agus (Liana Levi).
DTPE 4: "La reine du tango", Akli Tadjer (JC Lattès).
DTPE 5: le lapin à toutes les sauces.
DTPE 6: "L'enjoliveur", Robert Goolrick (Anne Carrière).
DTPE 7: "Eurêk'art!", Philippe Brasseur (Palette...).
DTPE 8: livres d'art pour enfants.
DTPE 9: "Elvis Cadillac", Nadine Monfils (Fleuve) et "Agatha Raisin", (M.C. Beaton, Albin Michel).
DTPE 10: "Blood Family", Anne Fine (l'école des loisirs) et "Sauveur & Fils saison 1" de Marie-Aude Murail (l'école des loisirs).









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